D’Alan J. Pakula, cinéaste à l’imaginaire transcendé par le climat paranoïaque qui nimbe l’Amérique des années 1970, on se souvient prioritairement des « Hommes du Président » (sur le scandale du Watergate) et de l’étrange et glaçant « Klute », qui valut à Jane Fonda l’oscar de la meilleure actrice. « A cause d’un assassinat » (1974) se hisse pourtant sans mal à leur niveau, écrabouillant au passage un paquet de pseudo-classiques du genre qui fleurirent à Hollywood à la même période – du type « les Trois Jours du Condor », autrement plus académique et lourdingue, mais injustement cité en référence ultime.
Ce qui frappe tant dans cette variation sur l’assassinat de John Kennedy (où Beatty campe un journaliste enquêtant sur l’étrange succession d’accidents mortels qui frappent les témoins d’un assassinat politique), c’est la virtuosité avec laquelle Pakula distille l’oppression ouatée et le danger invisible qui asphyxient le héros presque plan par plan, à la manière implacable et sophistiquée d’un supplice chinois. Filatures muettes, jeu d’ombres subrepticement expressionnistes, action sèche et muette (les dialogues se comptent sur les doigts d’une main), « A cause d’un assassinat » est un petit chef-d’œuvre de cinéma complotiste.
Samedi 22 juillet à 22h30 sur Paramount Channel. Thriller américain d’Alan J. Pakula (1974). Avec Warren Beatty. 1h42.