
Après l’image, le son. Après l’audace physique, les mots pour en rappeler le cadre. Au lendemain d’un déplacement surprise à Kiev, Joe Biden a tenu un discours solennel dans les jardins du palais royal à Varsovie, mardi 21 février, pour commémorer le premier anniversaire du début de la guerre en Ukraine. Un discours chaleureux à l’égard du pays hôte, la Pologne, empathique pour le peuple ukrainien supplicié mais résistant, et résolu contre l’invasion russe. Dans le froid et le vent, sur fond de couleurs ukrainiennes, Joe Biden a revisité l’argumentaire désormais rodé de Washington sur les erreurs stratégiques de Vladimir Poutine et la détermination des alliés. Mais ces mots familiers, prononcés en cette soirée particulière devant des milliers de Polonais enthousiastes, se gonflaient d’un supplément d’âme.
« Après une année de cette guerre, Poutine ne doute plus de la force de notre coalition, a affirmé Joe Biden. Mais il doute encore de notre conviction. Il doute que notre endurance. Il doute de notre soutien continu à l’Ukraine. il doute de la capacité de l’OTAN à rester unie. Mais il ne devrait y avoir aucun doute. Notre soutien à l’Ukraine ne faiblira pas, l’OTAN ne sera pas divisée, et nous ne nous fatiguerons pas. » Le président américain a clairement pris pour cible Vladimir Poutine, qui avait pris la parole dans la matinée. « Un dictateur déterminé à reconstruire un empire ne pourra jamais supprimer l’amour d’un peuple pour la liberté. La brutalité n’écrasera jamais la volonté d’être libre. Et l’Ukraine… L’Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie. Jamais », a promis Joe Biden.
« Ce n’est pas un concours rhétorique avec qui que ce soit », avait averti le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, en référence au discours de Vladimir Poutine. L’effet miroir n’en était pas moins saisissant. Le président américain a repris une veine classique, pré-trumpienne, des discours de politique étrangère américaine, en insistant sur le mot liberté. « On a entendu une rhétorique rappelant celle de Ronald Reagan, assez en noir et blanc, aux accents de guerre froide », explique Michal Baranowski, président du bureau polonais de l’organisation German Marshall Fund.
Audience conquise
En insistant sur la lutte contre les régimes autocrates, le président américain se savait devant une audience conquise. « Les autocrates ne comprennent qu’un mot. Non, non, non. Non, vous ne prendrez pas mon pays », a-t-il dit. Joe Biden a rendu hommage à la fois à Volodymyr Zelensky, à Maia Sandu, la présidente moldave, ainsi qu’à l’opposition biélorusse au régime d’Alexandre Loukachenko. « Biden a mis sa crédibilité en jeu dans cette guerre ukrainienne, poursuit Michal Baranowski. Le fait de s’être rendu à Kiev aux côtés de Zelensky, d’avoir martelé que le conflit avait un enjeu bien plus que régional, indique qu’une défaite de l’Ukraine serait aussi la sienne, et celle des Etats-Unis. Il n’y a pas de recul possible. Joe Biden est investi dans cette guerre jusqu’au cou. »
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