New York de nos jours. Dans un quartier huppé de la Grosse pomme, un homme et une femme (Justice Smith – vu dans Détective Pikachu – et Briana Middleton – vue dans Le Bar de la Tendresse) se rencontrent dans une librairie spécialisée en livres anciens. Deux jeunes gens beaux, intelligents, amoureux : le couple parfait. Sauf que l’un des deux tourtereaux ment, et veut arnaquer l’autre…
De cette première arnaque en découle une autre, où un couple de la haute société, incarné par Julianne Moore (Boogie Nights, Loin du paradis) et John Lithgow (Cliffhanger), se trouve confronté au mystérieux Max (joué par Sebastian Stan – Le soldat de l’hiver ou Pam & Tommy). Mais encore une fois, le pigeon d’aujourd’hui peut être le plumeur du lendemain…
Jeux de dupes
On le comprend assez vite, Sharper est un film où le mensonge est roi. Mais paradoxalement, alors que c’est le terrain de jeu idéal pour les expérimentations les plus folles, les jeux de pistes les plus retors (d’autant que le film est produit par A24, boîte de production américaine n’ayant pas peur des long-métrages sortant des sentiers battus, comme Everything, everywhere, all at once), la réalisation de Benjamin Caron (qui, après plusieurs épisodes de The Crown ou Andor, signe ici son premier long-métrage) est finalement assez sage.
Mais ce qu’on perd en folie, on le gagne en lisibilité. On n’est jamais perdu dans Sharper, du moment qu’on accepte que chaque personnage principal joue un double jeu. Mais ces duperies ne s’incarnent finalement que dans les dialogues, jamais ailleurs, ce qui est finalement son plus grand défaut : un classicisme absolu. Tout est propre et net, mais tout est déjà-vu, de l’histoire de base aux rebondissements.
C’est d’autant plus dommage que le film repose sur des interprètes de talents : Justice Smith et Briana Middleton sont assez touchants, tandis que Julianne Moore et Sebastian Stan jouent une partition tout en perversion feutrée. Bref, il manque un sel, une épice, pour pimenter ce long-métrage et le faire sortir de la masse des films d’arnaques. En l’état des choses, il va rester bien sagement à sa place. Ce n’est pas déplaisant, mais c’est un peu décevant.