
Un drame est survenu au cours d’une action caritative au Yémen. « Quatre-vingt-cinq personnes ont été tuées, et plus de 322 ont été blessées » dans une bousculade lors de cette opération organisée dans le quartier de Bab Al-Yemen de Sanaa, la capitale yéménite aux mains des rebelles houthistes, ont affirmé jeudi 20 avril à l’Agence France-Presse (AFP), des responsables houthistes. Ce bilan a été confirmé par un responsable des autorités médicales des rebelles.
« Des femmes et des enfants figurent parmi les personnes décédées », et une cinquantaine de blessés sont dans un état grave, a affirmé la source sécuritaire, qui a requis l’anonymat car elle n’est pas autorisée à parler aux médias.
Ce mouvement de foule, qui intervient à quelques jours de la fête musulmane de l’Aïd-el-Fitr marquant la fin du mois de jeûne musulman, a eu lieu dans une école du quartier de la vieille ville, où des centaines de personnes s’étaient rassemblées pour recevoir des aides financières, d’après les témoignages recueillis par un journaliste de l’AFP. Certains d’entre eux affirment avoir entendu des coups de feu qui ont, selon eux, provoqué le mouvement de foule.
Les autorités de Sanaa n’ont pas mentionné les causes de l’accident ni le nombre de victimes, se contentant d’évoquer des « dizaines de morts suite à une bousculade lors d’une distribution chaotique de sommes d’argent par certains commerçants ».
Trois commerçants interpellés
Une vidéo diffusée par la chaîne de télévision des rebelles, Al-Masirah TV, montre des corps entassés et des personnes grimpant les unes sur les autres pour tenter de se frayer un chemin. Certains essayent de repousser les mains de leur visage pour pouvoir respirer, le reste de leur corps étant complètement englouti par la foule dense, tandis que des combattants armés en tenue militaire tentent de les pousser dans la direction opposée.
Les victimes ont été transportées dans les hôpitaux voisins, et les organisateurs de l’événement arrêtés, a annoncé le ministère de l’intérieur dans un communiqué publié par l’agence de presse des rebelles, Saba. « Trois commerçants ont été interpellés », a précisé un responsable sécuritaire à Sanaa.
Les familles des victimes se sont rassemblées devant l’hôpital, mais les forces de sécurité les empêchent d’entrer, tandis que des responsables des rebelles se sont rendus sur place, a constaté l’AFP. Le président du Conseil politique suprême des rebelles, Mehdi Mashat, a annoncé la « création d’une commission chargée d’enquêter sur les causes de l’accident », selon Saba.
Crise humanitaire
Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, est dévasté depuis 2014 par un conflit qui oppose les houthistes, des rebelles soutenus par l’Iran, aux forces progouvernementales appuyées par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
La guerre a provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde, avec des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, dans un contexte d’épidémies, de manque d’eau potable et de faim aiguë.
Plus des trois quarts de la population dépendent d’une aide internationale qui ne cesse pourtant de diminuer. Dans les zones contrôlées par les rebelles, dont la capitale Sanaa, de nombreux fonctionnaires n’ont pas été payés depuis des mois.
Une « opportunité sérieuse » de paix
Une trêve de six mois négociée par les Nations unies (ONU) n’a pas été renouvelée à son expiration en octobre, mais la situation est restée calme sur le terrain, offrant un répit à la population.
La semaine dernière, une délégation saoudienne, accompagnée de médiateurs omanais, s’était rendue à Sanaa pour des pourparlers visant à relancer la trêve et à jeter les bases d’un cessez-le-feu plus durable. Dans ce contexte, le gouvernement et les rebelles ont procédé ces derniers jours à un échange important de près de 900 prisonniers.
Le Yémen n’a pas connu une telle « opportunité sérieuse » d’un processus pour parvenir à la paix depuis huit ans, s’est réjoui lundi l’émissaire de l’ONU, Hans Grundberg. Mais « ne nous faisons pas d’illusion. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour construire la confiance et faire des compromis », a-t-il prévenu.