Quand on entend parler de ragondin, on a immédiatement cette image du gros rat nuisible qui habite nos cours d’eau ! Pourquoi un nuisible exactement ? Faisons connaissance avec ce mammifère semi-aquatique…
Ragondin, mais qu’est-ce donc que cette bête ?
Myocastor coypus, plus simplement, le ragondin, aussi appelé « castor des marais », ou « loutre d’Amérique », appartient à la famille des Myocastoridés, des mammifères rongeurs (contrairement aux Mustelidés que sont le putois, la fouine, la belette, la loutre… qui ne sont pas des rongeurs). Introduit en Europe au XIXe siècle pour l’exploitation de sa fourrure, il s’est échappé ou a été libéré au moment du déclin de l’activité. On le trouve dans les plans d’eau douce comme les rivières, les ruisseaux, les étangs, les marais, ainsi que les zones humides. Pas de caïmans ni de jaguars en France, contrairement à ses régions d’origine, en Amérique du Sud : le ragondin ne connait ici aucun prédateur réel, d’où sa prolifération et son caractère dit “nuisible” et envahissant. Il ne craint réellement que les grands froids, qui mettent en péril sa queue fragile, entrainant gangrène et mort certaine. Mais ces derniers sont presque aussi rares que les caïmans !
Description du ragondin
Le ragondin est trapu et bossu et mesure entre 40 et 60 cm et pèse jusqu’à 9 kg. C’est un mammifère rongeur semi-aquatique qui ressemble à un très gros rat de rivière. On le différencie du rat musqué par sa taille, ce dernier étant plus petit, et du castor, qui possède, lui, une queue plate. Son espérance de vie est d’environ 4 ans.
Il est recouvert d’une fourrure imperméable, composée de deux épaisseurs : la sous-couche, courte et dense, assurant l’imperméabilité et les jarres, bien plus longues, pour lutter contre le froid. Il a le museau court, de petits yeux et des narines hautes pour respirer quand il est dans l’eau, de grandes moustaches blanches et de petites oreilles rondes. Le ragondin possède quatre longues incisives orange, ce qui permet aussi de l’identifier. Ses pattes avant sont dotées de longues griffes pour creuser et tenir la nourriture, ses pattes arrières sont palmées pour la nage. Sa queue est cylindrique et effilée. Son odorat et son ouïe sont très développés, en revanche, sa vision manque d’acuité.
Il creuse des galeries de plusieurs mètres de long dans les berges, les rendant parfois instables. C’est un animal essentiellement nocturne, même s’il sort fréquemment le jour, non loin de son terrier.
Régime alimentaire du ragondin
Le ragondin est végétarien : il mange des feuilles et de tiges de végétaux principalement aquatiques, des racines et des tubercules, l’écorce des jeunes arbres, parfois des fruits, des baies et des légumes à proximité. Il est friand aussi de céréales comme le blé et le maïs. Son système digestif fonctionne avec une double digestion : il mange en effet les caecotrophes, sortes d’excréments en grappes issus de la première phase de digestion.
Ragondin, ami ou ennemi ?
Localisés dans quelques départements français lors de leur introduction, les ragondins ont très rapidement colonisé l’ensemble du territoire métropolitain, d’abord parce qu’ils n’ont pas de prédateurs, hormis quelques juvéniles qui font la rencontre malheureuse d’un rapace ou d’un renard. Ensuite, parce que leur reproduction est dense : malgré une gestation de quatre mois, la femelle peut avoir 2 ou 3 portées de 5 à 7 petits par an. À noter que Madame Ragondin est une reine de l’allaitement : elle allaite pendant 8 semaines ses petits, même dans l’eau en nageant, grâce à ses mamelles latérales.
Les nuisances liées aux ragondins
Un certain nombre de nuisances liées aux ragondins sont recensées et dépendent largement de la régulation du nombre d’individus :
- Dégradation et mise à nu des berges favorisant une fragilisation et une érosion progressive ;
- Fragilisation des fondations d’ouvrages hydrauliques ;
- Déstabilisation de l’équilibre de l’écosystème aquatique ;
- Surconsommation de certaines espèces végétales ;
- Destruction des niches écologiques de certaines espèces d’oiseaux ;
- Dégâts aux cultures voisines ;
- Porteur de maladies et parasites et contamination des milieux qu’ils occupent (leptospirose, douve du foie).