Comme c’est déjà le cas depuis une dizaine d’années dans de nombreux pays européens, le compostage des biodéchets à la source, va également devenir obligatoire en France à partir de 2024. Les biodéchets pourront ainsi être recyclés en fertilisants pour l’agriculture, en compost, ou en biogaz, une source d’énergie renouvelable bienvenue.

En bref que dit la loi ?
La loi dite ‘anti-gaspillage’ du 10 février 2020 (1), officiellement “LOI n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire”, prévoit de réduire toutes les formes de surconsommation sur tous les produits courants.
Elle oblige à une diminution drastique des emballages, des utilisations du papier (notamment à des fins publicitaires, d’émission de tickets de caisse…).
Les producteurs seront tenus à de nombreux gestes anti-gaspi, tout comme les institutions, les collectivités et certaines industries. Les ménages devront quant à eux, trier leurs biodéchets en vue d’un recyclage.
Ainsi la loi prévoit d’ici le 1er janvier 2024 un déploiement de la gestion de proximité des biodéchets, grâce entre-autres, au compostage domestique avec la possibilité d’acquérir des composteurs individuels ou de profiter d’un matériel de compostage partagé (composteurs de pieds d’immeubles, de quartiers, ou directement dans les établissements pour les grosses structures).
La loi prévoit également le déploiement de la collecte séparée des biodéchets, ce qui va ouvrir de nouvelles perspectives d’emplois. L’incinération des déchets sera diminuée.
La gestion de proximité devra être de rigueur afin de raccourcir les circuits de traitement de ces déchets.
Des tests concluants
Certaines collectivités (plus de 100) dont Lille, Lorient, Bordeaux, ou Clermont-Ferrand, ont déjà adopté cette solution et les retours sont excellents d’autant que la collecte des biodéchets incite à un comportement inattendu : les performances de tri des autres déchets sont augmentées !
Les autres communes devront se mettre au diapason très rapidement car l’échéance approche à grands pas.
Pourquoi est-ce si important de mettre en œuvre le compostage individuel ?
Comme nous le disions plus haut, l’effort de tri, n’est pas seulement demandé aux ménages et de manière individuelle, les gros producteurs (grande distribution, forains, industries agroalimentaires, restaurants, cantines, entreprises gérant les espaces verts…) apportent déjà leur pierre à l’édifice depuis 2012 avec un durcissement des seuils en 2016. En effet, tout professionnel produisant plus de 10 tonnes par an de biodéchets et 60 litres d’huile est tenu de trier ces biodéchets et de les faire valoriser dans des filières adaptées (production de biogaz par méthanisation ou compostage).
Du côté des particuliers, sachant que le processus de compostage va réduire par trois le volume des déchets à transporter, il en découle un gain sur l’énergie dépensée dans le transport.
La mise en décharge des biodéchets, leur tassement et leur fermentation à grande échelle émet une dose non négligeable de méthane, un gaz au pouvoir de réchauffement global supérieur à 25 % au CO2.
L’incinération des biodéchets produit également des émissions de gaz à effet de serre délétères pour l’environnement.
Si chaque citoyen se met au compostage individuel, cette matière organique, au lieu d’être perdue et indirectement néfaste pour l’environnement va devenir un bienfait en se transformant en un produit bio sous sa forme de compostage, d’épandage ou de méthanisation.
Qu’il s’agisse de création d’énergie propre (biogaz) ou de digestats fertiles, dans le cadre de la méthanisation, voire de création de matière organique fertile par le biais du compostage ou de l’épandage pour se substituer par exemple, aux engrais de synthèse faisant appel à des ressources minière non renouvelables et des processus de transformation très énergivores, tout le monde y sera gagnant, surtout lorsque l’on sait que notre pays est dépendant des autres au niveau des achats d’engrais chimiques.
Quelles sont les solutions de compostage individuel à mettre en œuvre ?
Avant de pouvoir les recycler, il faut être clair sur le terme ‘biodéchets’. Sont concernés :
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les déchets verts (tontes de pelouse, feuilles mortes, résidus de taille…) ;
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les déchets alimentaires, autrement nommés ‘déchets de table’ (restes de repas, épluchures diverses, fruits ou légumes inconsommables, sous-produits animaux et restes de viandes produits périmés, coquilles d’œufs, marc de café, sachets de thé…).
Plusieurs solutions s’offrent au citoyen selon ses habitudes de vie et ses possibilités :
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le lombricomposteur à plusieurs étages qui fait appel aux lombrics ;
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le bokashi, très pratique, qui prend peu de place en appartement et vous offrira un jus, idéal pour fertiliser vos plantes d’intérieur ;
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le composteur de jardin en zone rurale ou pavillonnaire qui, après transformation des déchets ménagers en bel humus, permettra d’ameublir, d’améliorer et d’enrichir le sol du jardin ;
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le composteur partagé autrement nommé ‘chalet de compostage’ ou le composteur collectif aux pieds des immeubles en ville qui assureront une collecte vers les entreprises de méthanisation, ou de transformation en compost à grande échelle ;
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le tri dans un bio-seau et le vidage dans des bacs ou conteneurs, voire des bornes collectives mis à disposition des usagers par la mairie.