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dans le cortège à Paris, le dépit de certains manifestants

Entre 112 000, selon la police, et 550 000 manifestants étaient réunis à Paris pour la manifestation du 1er Mai, encore marquée par la réforme des retraites.






Par Théo Sauvignet, Thomas Valognes (vidéo)


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La manifestation du 1er Mai était promise « inédite et exceptionnelle » par la nouvelle présidente de la CGT Sophie Binet ce lundi matin. Outre son caractère traditionnel, la mobilisation de ce jour était par ailleurs stimulée à l’approche de l’examen de la proposition de référendum d’initiative partagée (RIP) par le Conseil constitutionnel, le 3 mai. Mais dans les rangs des manifestants à Paris, beaucoup étaient désespérés.

Ce lundi, les différents rassemblements auront réuni 782 000 manifestants en France selon le ministère de l’Intérieur et 2,3 millions selon la CGT. Ces chiffres sont bien en dessous de ceux de mars : entre 1 et 3,5 millions avaient été comptés les 7 et 23 mars.

Une forte désillusion

Contrairement à d’autres événements de la séquence de la réforme des retraites qui dure depuis décembre, le cortège était fluide ce 1er mai à Paris, entre la place de la République et celle de la Nation. Il a toutefois été marqué par un haut niveau de violence et par plusieurs interventions des forces de l’ordre au milieu du parcours pour éteindre des barricades enflammées, ce qui a éclairci encore plus la foule sur le boulevard Voltaire. « Regardez, on peut marcher et avancer librement, là. Ça n’a rien à voir avec ce qui se passait en décembre, où on était vraiment entassés », note, dépité, Didier, 70 ans, et un des rares Gilets jaunes encore présents dans la foule.

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« Aujourd’hui et comme toujours, je proteste d’abord contre Macron et toute la politique et sa répression. Mais ça ne sert à rien. On ne nous écoute pas. Il a réussi à reproduire ce qui s’est passé avec les Gilets jaunes il y a cinq ans en nous épuisant sur le long terme », ajoute-t-il tristement. Les manifestants souhaitaient tout de même maintenir la pression sur le gouvernement et amorcer la mue d’une protestation cristallisée par la réforme des retraites vers une contestation plus globale du pouvoir.

Les pancartes rivalisaient encore d’imagination pour dénoncer un mode de gouvernance perçu comme monarchique de la part de l’Élysée. « 100 jours, ça finira à Sainte-Hélène », pouvait-on lire dans le cortège entre des drapeaux rouges surmontés de bonnets phrygiens, en référence aux trois mois d’apaisement annoncés par Emmanuel Macron lors de son allocution du 17 avril et à la fin de l’épopée napoléonienne.

Des manifestants expérimentés

« Nous sommes là aujourd’hui pour qu’il ne continue pas ainsi », martelaient deux jeunes de 23 ans, habitués des manifestations depuis les protestations contre la loi El Khomri, dite « loi travail », en 2016. « Il faut dire qu’à l’époque, ça n’avait pas duré aussi longtemps, c’est la première fois que je vois autant de monde après cinq mois de mobilisation », note l’un d’entre eux, optimiste. « Pour la retraite, c’est probablement enterré, mais il y a encore quatre ans à tenir », ajoute-t-il. Non loin, une pancarte promet : « Macron, 4 ans, on va te pourrir la vie. »

Sur la place de la Nation, de violents heurts ont éclaté, notamment lorsque le black bloc s’en est pris à une banque de l’esplanade. Près de six mille éléments violents étaient attendus par les services de renseignements. En fin d’après-midi, 68 personnes avaient été interpellées à Paris, 200 dans toute la France.

À LIRE AUSSIMacron 2 : encore quatre ans… Anticipant la suite de la mobilisation, la Première ministre Élisabeth Borne a d’ores et déjà convié les syndicats à revenir à la table des négociations, ce que n’excluent plus certaines organisations comme la CFTC ou la CFDT. « J’ai quand même l’impression que le gros des gens qui sont venus aujourd’hui n’ont pas été appelés par les syndicats mais se sont plutôt spontanément déplacés », observe Didier alors que les chars et drapeaux des syndicats se font effectivement plus rares qu’à l’accoutumée dans le cortège.


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