Source d’inspiration, les dictons concernant le jardin sont nombreux ! Ils perdurent depuis des siècles pour certains et sont à prendre avec discernement. Cependant, ces conseils de sagesse populaire sont souvent basés sur l’expérience de nos anciens et regorgent donc de bonnes idées !

Qu’est-ce-qu’un dicton ?
Le dicton est une formule de langage contenant parfois une vérité expérimentale, une morale ou une expression de sagesse populaire transmise oralement au fil du temps.
Il peut être régional ou plus général mais offre sa vérité à un moment donné parfois sous la forme de rimes, comme par exemple dans les dictons ‘Chute de feuilles tardive, la froidure sera vive‘ ou encore ‘Quand l’aubépine est en fleurs, crains toujours quelque fraîcheur‘.
Origine des dictons
Depuis le XVe siècle, les dictons météorologiques autrefois notés en latin dans les almanachs et seulement accessibles aux lettrés se démocratisent et deviennent une véritable passion en Europe jusqu’au XIXe.
De nos jours des dictons comme ‘Le ciel rouge au couchant, annonce la pluie ou le vent‘ ou encore ‘Arc-en-ciel du soir fait beau temps prévoir‘ sont toujours d’actualité.
Les calendriers du jardinage continuent à distiller les dictons avec délectation chaque début de mois. Chacun en tirera ses propres conclusions selon son interprétation et sa région.
Les dictons au jardin
Les dictons sont souvent basés sur les observations ou les expérimentations qu’ont pu faire les anciens. Par exemple ‘Fleurs de février ne va pas au pommier’ qui indique que si les pommiers fleurissent trop précocement, le gel risque de compromettre la future récolte. Dans le même style ‘Des fleurs qu’en mars on verra, peu de fruits on mangera’ qui signifie exactement la même chose.
‘Chaud juillet sur frais juin, peu de blé mais bon vin’ parle de lui-même, tout comme ‘De mai chaudes et douces pluies, font belles fleurs et riches épis’.
‘Quand l’hirondelle rase le sol, rentrez vos parasols’ est encore un dicton issu d’une constatation : lorsqu’il va pleuvoir les hirondelles volent bas car les insectes dont elles se nourrissent se cantonnent non loin du sol.
‘À la saint Damien, on trouve des noix plein les chemins’ correspond également à une réalité, puisque la récolte des noix débute en septembre.
Ces dictons sont issus de constatations séculaires et ont perduré au fil des années, certains seront cependant plus pertinents que d’autres pour le jardinier.
Les dictons pertinents pour le jardinier
Certains dictons offrent de très bonnes indications sur ce qu’il y a lieu de faire au jardin ; ils peuvent même constituer une aide précieuse pour le jardinier.
‘Qui plante pendant l’avent gagne une année de temps‘ : en effet, une plantation en début d’hiver permet aux végétaux de produire un système racinaire fort. Les plantes, si elles sont rustiques seront bien plus belles à l’automne suivant que si elles avaient été plantées en mars ou avril.
‘Au potager, avril et mai sont les clés de l’année’ : ce dicton indique au jardinier que la majorité des gestes techniques mais aussi des semis et plantations doivent être effectués en avril et mai, ainsi les récoltes le nourriront une bonne partie de l’année.
‘En octobre qui ne fume bien ne récoltera rien’ : ce dicton explique au jardinier qu’il est nécessaire de faire des apports en fumure en octobre. Au potager, il pourra ainsi étaler une bonne couche de fumier en paillage sur les planches inoccupées. En s’y prenant dès ce mois de l’année, le fumier aura le temps de se décomposer et de nourrir le sol sans risque de brûler les plantations qui seront effectuées au printemps.
‘À la Saint Luc, la betterave devient sucre’. La Saint Luc est fêtée le 18 octobre période où la betterave peut être récoltée. Restée dans le sol tout l’été, elle a eu le temps de se gorger en sucres et pourra être dégustée.
‘Quand juillet commencera, ta faux affûtera’, nous parle du temps où les récoltes de blé se faisaient à la faux. Il nous indique que le blé doit être récolté en juillet, mais aussi par extension, que certaines herbes folles peuvent être coupées après leur floraison. Ainsi, les insectes pollinisateurs auront pu en profiter pleinement !
‘Temps trop humide en juin, donne au jardinier chagrin’, évoque la perte de nombreux végétaux sous l’action des maladies cryptogamiques, qui, s’il fait très humide et chaud, ont tendance à se propager très vite dans les cultures. Ce dicton amène donc à traiter en prévention au purin de prêle ou avec des décoctions d’ail les plantes du jardin et du potager, si au mois de juin, il pleut beaucoup.
‘Quand la lune rousse est passée, on ne craint plus la gelée’ : il faut attendre que cette période de l’année, qui se situe de la mi-avril à début mai, soit passée pour planter les végétaux craignant le froid au jardin. En effet, les températures croissantes en journée contrastent énormément avec les températures nocturnes en cette période. Par temps dégagé, les gelées nocturnes sont encore à craindre.
On peut rapprocher ce dicton de celui-ci : ‘Saints Mamert, Pancrace et Servais sont toujours des saints de glace.’ qui sont fêtés, les 11,12 et 13 mai de chaque année. Un autre dicton moins connu, indique également que ‘L’hiver n’est terminé que quand la lune rousse a décliné’.
Petit dicton plein de bon sens pour les apiculteurs ‘A la Saint Daniel, garde-toi d’ôter le miel’. En décembre, le miel doit être laissé dans la ruche car il constitue les réserves nécessaires à la survie de la colonie en hiver.
Les dictons à prendre avec discernement
‘Entre Noël et la chandeleur, il n’y a plus de laboureur’ préconise que le jardinier doit laisser sa terre au repos durant cette période’. Nous pouvons observer ici, que les dictons traversent les époques mais qu’ils peuvent être modulés lors des changements d’habitudes, car de nos jours le labour est évité pour préserver le sol et les micro-organismes qu’il abrite. On préfère étaler un paillage épais au sol, qui maintiendra la terre souple et meuble tout en la nourrissant.
‘À la Sainte Catherine, tout bois prend racine‘, nous indique que tout bois planté le 25 novembre va forcément s’enraciner.
Certes, la période est très propice au bouturage de racines et à de nombreuses plantations, cependant elle s’étend bien au delà de ce jour précis et n’assure pas une reprise évidente, si par exemple vous plantez votre manche à balai, aucune chance qu’il ne prenne racines !
Attention également à la plantation de tous les végétaux non rustiques qui ne devront être plantés que lorsque tout risque de gelée sera passé.
Dans un même style ‘Si tu sèmes tes poireaux à la Sainte Agathe, pour un brin, tu en auras quatre’ est un dicton à prendre avec des pincettes, car seules les variétés rustiques résisteront à un semis début février.
‘Un binage vaut deux arrosages‘ constitue un judicieux conseil s’il est additionné d’un paillage épais après le binage et d’un arrosage copieux. Biner trop souvent le pied des plantes peut provoquer des blessures sur les racines superficielles des cultures. Certes, un binage permettra de supprimer les herbes indésirables qui faisaient de la concurrence à vos cultures, mais elles repousseront, si le sol n’est pas paillé juste après !
Binage + paillage est donc la formule gagnante pour économiser les gestes d’arrosages.