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Deux ans de prison avec sursis requis contre le policier montalbanais soupçonné de harcèlement et de réquisitions illégales

l’essentiel
Poursuivi dans une rocambolesque affaire de harcèlement sur conjoint et de faux en écriture, un brigadier de police montalbanais de 43 ans a été jugé devant le tribunal correctionnel de Toulouse, ce 11 mai. Le jugement a été mis en délibéré.

Visage cramoisi, costume bleu tiré à quatre épingles, barbe bien taillée, le brigadier de police Julien B., 43 ans, tente encore d’en imposer face à la barre du tribunal judiciaire de Toulouse, ce 11 mai alors qu’il doit être jugé dans une rocambolesque affaire de harcèlement sur son ex-conjointe avocate au barreau de Montauban, et d’avoir commis de fausses réquisitions pour géolocaliser ses maîtresses (notre édition d’hier).

En attendant d’entrer dans ce grand déballage où il est question de pratiques sexuelles débridées dans le milieu fétichiste libertin montalbanais, l’enquêteur montalbanais qui doit patienter entre un agresseur sexuel et un pédophile, a perdu de sa superbe.

Cette affaire purement tarn-et-garonnaise dépaysée à Toulouse a d’ailleurs pris une tournure nationale avec la présence de la première vice-présidente de l’Assemblée nationale, Valérie Rabault. La députée de Montauban qui assiste à l’intégralité du procès, a décidé de se constituer partie civile au côté de son amie Me Angèle Ferès-Massol.

Le dossier a également pris un relief particulier avec les révélations faites juste avant l’audience par nos confrères du Parisien de l’existence d’une boucle de discussion Whatsapp à connotation sexuelle créée à l’initiative du brigadier de police montalbanais baptisée «du fion à gogo» réunissant deux ex-magistrats du parquet de Montauban, et un officier de l’état-major de la police montalbanaise, aujourd’hui retraité et officiant encore comme réserviste.

Une affaire dans l’affaire provoquée par l’exploitation des téléphones et ordinateurs saisis à Julien B. lors de ses gardes à vue en juin et novembre derniers.

Avançant en terrain miné, la présidente Gonca Murat dit vouloir d’emblée limiter les débats au dossier du jour celui du harcèlement et des usages illégaux des outils professionnels du policier.

En tentant d’éviter les détails sur l’intimité de ce couple qui a uni entre 2016 et mars 2022 Me Feres-Massol et le brigadier Julien B., le tribunal ne peut s’exonérer de rappeler comment cette affaire a éclaté.

Et de quelle manière ! Par une violation de domicile de l’avocate montalbanaise par un contrôleur des douanes surpris en tenue d’Adam avec pour seul attribut une ceinture de chasteté.

Ce que ne sait pas alors cet agent adepte de jeux sadomasochistes, c’est qu’il a été trompé par le brigadier qui a usurpé l’identité de son ex-conjointe. « En garde à vue, vous n’aviez pas reconnu alors que l’enquête a confirmé que c’est votre adresse IP et votre téléphone qui ont servi à créer un faux profil au nom d’Angèle sur un site de rencontre, interroge le prévenu la présidente rappelant que Julien B. connaît bien ce douanier pour avoir eu des relations sexuelles avec lui dès 2018.

— Cela s’est mal passé avec l’officier de la PJ qui m’a auditionné, s’explique le policier reconnaissant pour la première fois l’intégralité des faux en écriture qui lui sont reprochés.

— Mais pourquoi envoyer cet homme chez votre «ex» alors qu’elle est seule avec ses deux enfants de moins de 10 ans?, demande la juge.

— C’était un jeu pour moi», répète sans expliquer le mobile de son acte le policier bien empêtré à expliquer comment l’agent des douanes a pu pénétrer dans ce jardin en pleine nuit sans que lui-même ne soit présent pas loin pour le guider par téléphone.

Les choses se corsent un peu plus lorsque l’on apprend que ces intrusions ne sont pas les premières au domicile de l’avocate.

«En mars 2020, il y a une tentative de cambriolage et en août un homme âgé est venu dans le jardin en disant: «Je suis envoyé par votre mari pour une relation sexuelle», indique la juge n’omettant pas de pointer du doigt que le brigadier comme par hasard est l’enquêteur en charge des dossiers.

— J’ai fait les enquêtes et je n’ai rien à voir avec ces faits”, assure le policier qui, après avoir minimisé le harcèlement téléphonique de son «ex» doit aussi répondre de l’usage singulier qu’il a fait de demandes de fadettes de géolocalisation où se trouvent le portable de la députée Rabault et même celui d’un avocat général de Toulouse ainsi que le passage au TAJ (traitement des antécédents judiciaires) notamment d’un futur employé d’un restaurateur montalbanais demandant des infos avant de l’embaucher.

«Des pratiques graves et illégales», tonne le procureur Sylvain Cordesse requérant 2 ans d’emprisonnement avec sursis et l’interdiction d’exercer au policier.

«Je n’en ai tiré aucun profit», assure Julien B. défendant par la même occasion le substitut, l’un de ses amis impliqué dans la boucle Whatsapp, d’avoir été informé de ces «fausses» réquisitions qui se sont retrouvées au milieu de procédures que le magistrat gérait.

«Ce sont mes faux», endosse Julien B. moins prolixe toutefois lorsque Me de Caunes lui parle de ses échanges avec le même magistrat sur la procédure concernant le douanier.

«C’est avec lui, le questionne l’avocat, que vous dites que la violation de domicile ne tient pas lorsque vous vous inquiétez que l’on remonte à vous». Toujours en défense de son ami, le policier assure que «le substitut s’est vite dessaisi de ce dossier».

Et pour cause moins de deux jours plus tard, Julien B., principal suspect, est placé en garde à vue.

Cette affaire à tiroirs aux rebondissements vraisemblablement à venir, a été mise en délibéré au 22 juin.

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