PARIS, 7 septembre (Reuters) – EDF a annoncé jeudi le
lancement d’un système expérimental d’enchères avec la mise sur
le marché de gros de l’électricité de volumes à livrer en 2027
et 2028, l’électricien public voulant accroître sa visibilité et
celle des consommateurs sur fond de prix élevés et de besoin
d’investissements massifs.
Le groupe, qui cible notamment les électriciens alternatifs
tels que TotalEnergies ou Engie et les
traders, prévoit un volume total de 100 mégawatts (MW) pour
chacun des deux produits, qui pourra être cédé à travers une
succession d’enchères quotidiennes, portant sur un maximum de 5
MW, organisées à partir du 18 septembre.
Alors que le marché de gros français permet aujourd’hui
d’acheter de l’électricité pour les années 2024, 2025 et 2026,
EDF veut favoriser le développement de nouveaux contrats portant
sur des maturités plus longues, en faisant valoir que ceux-ci
s’accompagnent généralement de prix plus stables et compétitifs
pour le client final.
Le groupe s’inscrit également dans la perspective de la fin
de la régulation actuelle de l’Arenh (accès régulé à
l’électricité nucléaire historique), le 31 décembre 2025, qui a
été conçue pour favoriser la concurrence mais a aussi contribué
à dégrader les comptes d’EDF, lourdement endetté.
Son PDG, Luc Rémont, avait indiqué fin août que l’entreprise
pourrait proposer des contrats “à deux chiffres” pour 2027 et
2028, alors que les prix de gros de l’électricité, qui ont bondi
avec les difficultés du parc nucléaire français et la guerre en
Ukraine, dépassent toujours 100 euros par mégawatt-heure (MWh).
Les prix issus des enchères pour 2027 et 2028 “ne devraient
pas être très différents de ce que l’on a vu au cours de ces
dernières semaines (…) donc pour ces horizons-là (…) un peu
inférieurs à 100 euros”, a estimé Marc Benayoun, directeur
exécutif d’EDF en charge du Pôle Clients, Services &
Territoires, lors d’une conférence de presse.
“Notre objectif est de faire émerger suffisamment de volumes
d’activité pour que ces prix soient représentatifs et qu’ils
puissent permettre de former les prix de détail, pour EDF mais
aussi pour les autres”, a-t-il ajouté.
“C’est une expérimentation, donc on commence petit et,
lorsqu’il y aura plus de demande, on mettra plus de volumes sur
les marchés”, a également dit Marc Benayoun.
EDF défend depuis plusieurs mois la conclusion de contrats
de vente d’électricité à long terme afin de fixer plus librement
ses prix – aujourd’hui très largement régulés – pour financer
ses investissements dans les centrales existantes et dans de
nouveaux moyens de production, aussi bien renouvelables que
nucléaires.
Tout en plaidant pour “un nouveau consensus” sur le prix de
l’électricité en France, Luc Rémont a déclaré cet été que les
investissements du groupe devraient atteindre quelque 25
milliards d’euros pour répondre à ses besoins.
(Reportage Benjamin Mallet ; édité par Blandine Hénault)