Six ans après son discours devant la jeunesse estudiantine à Ouagadougou pour prôner une nouvelle relation avec le continent, délestée du passif de la « Françafrique », le président a dû déchanter. Malgré les efforts de la France pour stabiliser la bande sahélienne, non seulement l’islam radical n’a pas reculé mais il s’est métastasé. Avec en prime une flambée de ressentiment contre l’ex-puissance coloniale alors que Macron voulait convaincre d’un changement d’ère.
Le fait que la hargne anti-française soit largement attisée sur les réseaux sociaux par les « fermes à troll » russes pour discréditer Paris et proposer aux régimes putschistes une protection cynique et intéressée n’est qu’une mince consolation. Nous sommes bel et bien entrés dans une autre ère, mais pas exactement celle imaginée par Macron.
Pour conserver ses amitiés, remplir ses devoirs et défendre ses intérêts en Afrique, la France doit convaincre que le partenariat équitable qu’elle propose est une réalité
À la veille de repartir en Afrique pour une tournée qui va le mener au Gabon, au Congo Kinshasa et en Angola, le président s’est donc livré depuis l’Élysée à un examen critique utile. Car prôner une relation « équilibrée, réciproque et responsable », c’est admettre en creux des erreurs que la France paie cher et pourrait à l’avenir payer plus cher si le bon diagnostic n’est pas posé.
Un « pré carré », l’Afrique ? Cela fait belle lurette que les diplomates ne le disent plus et que les positions françaises sont grignotées. La raison en est d’abord l’essor naturel de nouveaux acteurs sur le continent de toutes les convoitises. Mais la France doit se défaire d’une approche paternaliste qui ne passe plus. Pour conserver ses amitiés, remplir ses devoirs et défendre ses intérêts, elle doit convaincre que le partenariat équitable qu’elle propose est une réalité.
Intéressant est le cas des bases militaires que Paris conserve à Dakar, Abidjan, Libreville ou N’Djamena. En proposant de les « cogérer », Macron propose une collaboration sécuritaire qui tourne le dos aux interventions militaires « à l’ancienne ». Souhaitons que les pays d’accueil jouent le jeu. Car en fin de compte, c’est d’abord d’eux que dépendent les solutions aux énormes défis qui se posent à l’Afrique, sans se cacher derrière la dénonciation paresseuse d’un prétendu « néocolonialisme ».