Le visage marqué et encore transpirant, le demi de mêlée et capitaine du XV de France est revenu sur la belle victoire du XV de France, en ouverture de la Coupe du monde 2023 et face à la Nouvelle-Zélande (27-13). Antoine Dupont évoque ici la pression de la journée d’avant-match, une première mi-temps laborieuse et inhibée. Avant la libération…
Au micro du stade après le coup de sifflet final, vous avez parlé d’un match laborieux. Pourtant, vous avez gagné en mettant 30 points à la Nouvelle-Zélande. C’est assez incroyable, non ?
C’est sûr que le bilan comptable est assez incroyable. Si on nous avait dit qu’on gagnerait ce match d’ouverture en mettant 30 points aux All Blacks, on l’aurait pris tout de suite. Mais il y a notre exigence, c’est notre problème et à la fois ce qui nous permet de maintenir à ce haut niveau de performance depuis plusieurs années. On sait tous qu’on est capables de faire mieux que ça. Il y a des coups qu’on peut mieux jouer, des points aussi qu’on donne trop facilement à la Nouvelle-Zélande. Au final, c’est un match moyen de notre part et on met presque 30 points aux All Blacks. C’est comme ça.
Quel a été votre discours à la pause, alors que vous aviez semblé avoir beaucoup souffert en première période ?
Il fallait qu’on se libère. Nous étions un peu inhibés en début de match et la Nouvelle-Zélande nous tenait sous pression dans les zones de rucks. Nous nous sommes retrouvés incapables de faire trois temps de jeu d’affilée. Il fallait qu’on se lâche, qu’on joue des ballons d’attaque, qu’on ose faire la passe de plus. La pression de ce match d’ouverture nous a poussés à jouer plus « secure ». Mais cette passe de plus, c’est justement celle qui nous donne généralement des solutions. C’était le discours mi-temps. Il fallait trouver ce relâchement tout en conservant ce qui nous avait maintenus jusque-là dans le match : la défense et la conquête.
Vous parlez d’une pression de l’événement. Comment l’avez-vous ressentie pendant la journée ?
J’ai surtout trouvé que cette journée était très longue ! À l’image de cette semaine, d’ailleurs. Un match aussi important positionné à 21 heures, ça veut dire que vous passez beaucoup de temps dans votre chambre. Vous essayez de faire autre chose, de penser à autre chose et je crois qu’on l’a plutôt bien géré. Quand je parlais de pression, c’est plutôt quelque chose d’inconscient. Vous avez envie de bien faire les choses alors vous prenez un peu moins de risques. Mais il fallait qu’on se libère.
Est-ce votre confiance collective qui vous permet finalement de revenir dans ce match ?
Il y a là une partie de la réponse, oui. Cette confiance, on l’a construite au fil des années, des scénarios vécus et des différents contextes expérimentés. Aujourd’hui, on ne s’affole pas. On arrive à sortir de ces situations par des choses simples comme notre conquête ou notre jeu au pied. C’est ce qui nous a permis de rester dans le match. Ensuite, l’entrée des finisseurs a amené une grosse plus-value. Avec cette fraîcheur, on a plus facilement les All Blacks à la faute et on a pu s’installer chez eux.
La chaleur a-t-elle influé sur le scénario du match ?
Elle a surtout rendu le ballon glissant. Les Néo-Zélandais aussi ont commis des fautes de main. Quand il fait trente degrés, dans un stade comme le Stade de France où il n’y a pas beaucoup d’air, on transpire vite et beaucoup. Il nous a fallu un peu de temps pour nous adapter. Mais physiquement, on finit bien ce match. C’est positif.