1. Un remaniement qui s’éternise
Emmanuel Macron aime prendre son temps. Après sa réélection, le 24 avril 2022, il a fallu attendre le 16 mai pour que Jean Castex cède son bureau de Matignon à Élisabeth Borne. Celle-ci vient d’être confirmée, pardon maintenue à son poste, sans qu’Emmanuel Macron juge nécessaire d’expliquer ce choix.
1. Un remaniement qui s’éternise
Emmanuel Macron aime prendre son temps. Après sa réélection, le 24 avril 2022, il a fallu attendre le 16 mai pour que Jean Castex cède son bureau de Matignon à Élisabeth Borne. Celle-ci vient d’être confirmée, pardon maintenue à son poste, sans qu’Emmanuel Macron juge nécessaire d’expliquer ce choix.
Mercredi soir, lors d’une réunion avec les députés de la majorité, en présence de la cheffe du gouvernement, il a parlé du bilan de l’exécutif sans jamais citer son nom. Celle-ci va rencontrer Édouard Philippe. Ils auront des choses à se dire sur la façon dont le président de la République traite ses Premiers ministres.
La nouvelle équipe devait être connue dans la journée de mercredi mais pas de fumée blanche. Le délai a été reporté à jeudi matin, toujours rien. Dans l’après-midi, quelques noms ont circulé au compte-goutte, ceux de Gabriel Attal, Aurélien Rousseau ou Aurore Bergé, sans que rien ne bouge à l’Élysée jusqu’à 19h45 où l’Élysée a publié un simple communiqué, officialisant un remaniement plutôt minimal.
De toute évidence, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne ne s’accordaient pas sur l’ampleur du remaniement. Sa reconduction a donné du poids à la Première ministre qui n’avait guère eu voix au chapitre en mai 2022. Il a fallu aussi pour éplucher les CV ou les feuilles d’impôts des futurs ministres afin d’éviter le moindre couac. Rien n’interdit non plus de penser que le chef de l’État éprouve une sorte de jubilation à faire poireauter le microcosme politico-médiatique qui semblait ne plus vivre que pour ce remaniement.
2. Des vrais politiques aux manettes
Pas de changement à Bercy ou dans les ministères régaliens. Sans surprise, trois ministres inexpérimentés et sur la sellette sont débarqués du navire gouvernemental. Trois représentants de la société civile qui, une fois de plus, fait les frais d’une actualité qui exige des professionnels chevronnés de la politique. Pap Ndiaye (Éducation nationale), François Braun (Santé) et Jean-Christophe Combe (Solidarité) étaient certes reconnus et respectés dans leur discipline mais on ne s’improvise pas ministre, surtout dans un gouvernement à majorité relative.
Les deux têtes de l’exécutif ont choisi du costaud pour les remplacer. Gabriel Attal, maillons fort du macronisme et l’un des politiques les plus doués de sa génération, redoutable à l’oral, s’empare de l’Éducation nationale. Prime à la jeunesse (34 ans) comme le fit François Hollande avec Najat Vallaud-Belkacem.
Il avait rebaptisé Matignon « le terminus des emmerdes ». Visiblement, il en redemande. Tout juste ex-directeur de cabinet d’Élisabeth Borne à Matignon dont il sortait lessivé, Aurélien Rousseau s’installe dans la poudrière du ministère de la Santé, un domaine qu’il connaît bien puisqu’il a dirigé l’Agence régionale de Santé d’Île-de-France. Le successeur de François Braun vient de la gauche, familialement et idéologiquement, il assure y être resté.
Depuis 2017, elle rêvait d’un portefeuille ministériel, c’est fait. Venue pour sa part de la droite et de l’ex-UMP, Aurore Bergé est nommée au ministère de la Solidarité. Belle promotion pour celle qui dirigeait d’une main de fer le groupe des députés macronistes où tout le monde ne doit pas être mécontent de la voir filer vers l’avenue Duquesne.
3. Schiappa, sortie principale
Outre Pap Ndiaye, François Braun ou Jean-Christophe Combe, d’autres ministres moins en vue rendent leur portefeuille comme Olivier Klein (Ville et logement) qui subit les conséquences des émeutes ayant suivi la mort de Nahel. Son ministère est coupé en deux pour gagner en force et en lisibilité. Le logement est confié au maire de Dunkerque, Patrice Vergriete, étiqueté divers gauche et la ville revient à la députée très macroniste de Marseille, Sabrina Agresti-Roubache.
Après six ans de service ininterrompu aux anciens combattants puis au handicap, la Landaise Geneviève Darrieussecq va enfin siéger comme députée MoDem de Mont-de-Marsan. La Région sera représentée par un fidèle du président, le Bordelais Thomas Cazenave au Budget, et la Pessacaise Bérangère Couillard qui passe de l’écologie à l’égalité hommes-femmes.
La sortie la plus commentée concerne Marlène Schiappa dont peu importait le portefeuille. Ses sorties médiatiques (notamment Playboy) et surtout l’affaire du fonds Marianne qui lui a valu un rapport sénatorial au vitriol ont eu raison de la bienveillance, jusque-là très patiente, du couple Macron auquel elle a réitéré sa loyauté. « Je n’ai pas toujours réussi mais j’ai toujours essayé » a-t-elle déclaré, muette sur son avenir mais n’excluant pas un retour en politique.