L’infirmière blessée lundi lors d’une agression au couteau à l’hôpital de Reims (Marne) est décédée ce mardi matin.
C’est le ministre de la Santé, François Braun, qui l’a annoncé sur Twitter : « Je viens d’apprendre avec une immense tristesse le décès de Carène, infirmière de 38 ans violemment agressée hier au CHU de Reims. Mes pensées vont à ses proches, à ses collègues, ainsi qu’à toutes les équipes de l’hôpital endeuillées ce matin. »
Une information confirmée par le CHU de Reims : « C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons le décès de Carène Mezino, Infirmière Diplômée d’Etat, au cours de la nuit et ce malgré les premiers secours effectués rapidement et les nombreuses heures de prise en charge au bloc opératoire et en réanimation. » Et de signaler qu’une « minute de silence se tiendra ce jour à 13h30 ».
De nombreux hôpitaux ont répondu sur les réseaux sociaux au CHU en présentant leurs condoléances.
L’infirmière et une secrétaire médicale, 56 ans, avaient été blessées lors de l’attaque. Les deux étaient « dans un état extrêmement critique », avait affirmé le ministre de la Santé lundi soir après une visite à l’hôpital.
L’état de la secrétaire médicale demeure inquiétant.
Le procureur de Reims a précisé que les faits avaient été requalifiés en « assassinat », et « tentative d’assassinat » (concernant la secrétaire médicale). « L’autopsie a été programmée », a-t-il ajouté dans un communiqué, sans autre précision.
L’agresseur voulait « se venger »
Le mis en cause de 59 ans, aussitôt interpellé, « semble avoir agi sans mobile apparent, d’autant qu’il n’avait pas de rendez-vous dans ce service », selon le parquet de Reims.
Cet homme, placé en garde à vue pour « tentative d’assassinat », « semble souffrir de troubles sévères et fait l’objet depuis plusieurs années d’une mesure de curatelle renforcée », a précisé le procureur. Il avait bénéficié en juin 2022 d’un non-lieu « pour irresponsabilité pénale » pour des faits de violences aggravées.
Selon Franceinfo, Il a affirmé avoir été maltraité depuis plusieurs années dans les milieux psychiatriques et assuré que, à chaque fois qu’il croiserait une blouse blanche, il la « plantera[it] », voulant « se venger ».
Réactions unanimes des politiques
Pour Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, cette agression est « un des drames les plus intenses qui puissent toucher notre nation ».
« On parle de quelqu’un qui dévoue sa vie à protéger, à sauver celle des autres et qui trouve la mort de manière violente », a-t-il déclaré ce mardi matin sur France Inter. « Je ne sais pas si on peut associer l’acte a priori d’un déséquilibré avec la montée de violence générale à laquelle font face tous les dépositaires d’une forme d’autorité de l’État », a-t-il souligné, tout en invitant à « nous interroger sur une forme de continuum entre la violence des réseaux sociaux, la violence verbale à laquelle la classe politique parfois s’adonne et ces actes de violence du quotidien qui peuvent toucher tout le monde ».
« Le drame du CHU de Reims touche la Nation toute entière », a réagi sur Twitter la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
Exprimant son « émotion » après ce « terrifiant meurtre », le patron de LR Éric Ciotti a de son côté demandé sur RMC-BFMTV « un grand plan psychiatrie » face à un secteur selon lui « complètement délaissé dans notre société » et qui a souffert d’un « effondrement cruel des moyens, des lits affectés ».
« Je réunirai avant la fin de la semaine un comité avec toutes les parties prenantes, les syndicats, les professionnels » pour « voir ce que l’on peut faire pour garantir encore plus de sécurité pour les soignants », a promis François Braun lors de son point presse à l’hôpital lundi.
Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Arnaud Robinet, maire de Reims, a exprimé sur Twitter son « soutien à la communauté hospitalière » et fait part de sa « profonde émotion ».
La Fédération hospitalière de France (FHF) a souligné dans un communiqué que « cette agression » s’inscrivait « dans un contexte plus général marqué, ces dernières années, par plusieurs faits de violence physique ou verbale dans les hôpitaux publics ».
Si les incivilités sont fréquentes dans les hôpitaux, les agressions graves sur des personnels soignants dans les établissements de santé restent relativement rares.