Mercato : La méthode Luis Campos est-elle compatible avec le PSG ?

Son rôle ne se réduit pas au mercato. Mais Luis Campos savait en débarquant au PSG l’été dernier, dans un rôle de conseiller football, qu’il serait d’abord jugé sur son recrutement. Le Portugais avait connu trop de réussite dans ce domaine jusque-là pour qu’il en soit autrement. Surtout en France. À Monaco d’abord, à Lille ensuite. Il a façonné les équipes des deux seuls clubs qui ont su mettre entre parenthèses le règne du PSG sur le championnat de France depuis 2012. Toute la question était de savoir si sa méthode pouvait connaître le même succès dans l’environnement totalement différent de la capitale.

Le doute était permis. À Monaco comme à Lille, Campos s’est fait une réputation sur sa capacité à recruter des éléments à fort potentiel susceptibles d’être revendus au prix fort, permettant ainsi une plus-value économique à moyen terme. Ce ne sont pas les perspectives recherchées par le PSG. Paris est éternellement dans l’urgence, avec un impératif de résultats sur le court terme. Un club aux moyens financiers si colossaux qu’il n’a jamais eu besoin de s’inscrire dans une logique de revente de ses meilleurs éléments pour assurer sa pérennité. Un cadre où Campos avait tout à prouver, tant il est quasiment opposé à celui de l’ASM ou du LOSC.

Des recrues qui portent sa marque

C’était un défi de taille, et la première année du Portugais a permis de vérifier la difficulté de la tâche. Même si son arrivée ne s’était pas faite dans les conditions plus favorables l’été dernier. D’une part, parce que la priorité du PSG était de dégraisser un effectif pléthorique. D’autre part, parce que Campos a dû composer avec les contraintes du fair-play financier pour recruter. Deux éléments qui imposent de relativiser un constat d’échec. Paris a un effectif mal structuré et ce n’est pas uniquement de son fait. Mais il a une part importante de responsabilité.

Ses choix de recrutement n’ont pas porté leurs fruits. Et ce n’est pas qu’une question de moyens, puisque Paris a déboursé près de 150 millions d’euros sur le dernier mercato d’été. Le symbole, c’est le milieu de terrain, le secteur où le Portugais avait concentré l’essentiel de ses efforts avec les signatures de Vitinha (40 millions d’euros), Fabian Ruiz (23 millions d’euros), Carlos Soler (18 millions d’euros) et Renato Sanches (15 millions d’euros). Des recrues estampillées Campos : relativement jeunes (de 22 à 26 ans à l’époque) et signées avec le souci de réaliser une bonne affaire financière, puisque Ruiz, Soler et Sanches étaient à un an du terme de leurs contrats respectifs.

Des dommages collatéraux

Aucun de ces quatre joueurs n’a vraiment rehaussé le niveau de l’entrejeu parisien jusqu’ici. Ils ont chacun eu de bonnes périodes, à des degrés divers, sans parvenir à s’imposer comme des éléments indiscutables. Il y a un temps d’adaptation légitime qui peut expliquer le phénomène. Mais la question des profils se pose, au-delà du point de vue technique. Ruiz, Soler et Sanches ont désormais plus de 25 ans et leur marge de progression semble désormais plus limitée. Leur capacité à devenir des milieux dominants, ce que recherche le PSG pour rivaliser avec les plus grands clubs européens, est très loin d’être évidente.

Le choix de Campos de miser l’essentiel de son enveloppe de recrutement sur ces milieux a eu des dommages collatéraux. Ils ont été criants toute la saison avec un manque de profondeur d’effectif en défense comme en attaque. Ce n’est pas forcément pour des raisons financières que le PSG a manqué Robert Lewandowski, sa priorité pour accompagner Kylian Mbappé en attaque. Mais c’est surtout pour ce motif qu’il n’a pas été en mesure de boucler le dossier Milan Skriniar en défense. Deux joueurs qui ont prouvé leur valeur dans des clubs aussi exigeants que le Bayern et l’Inter. Et qui présentaient probablement davantage de garanties sportives que les milieux enrôlés par Campos.

A vouloir viser au milieu, il a tapé à côté

Au fond, cela résume assez bien la difficulté de sa mission. Paris est entre deux eaux, avec la nécessité de s’appuyer sur des joueurs confirmés au plus haut niveau compte tenu de ses ambitions, tout en se détachant d’une politique de recrutement de stars qui a touché ses limites. Et la volonté de régénérer un groupe en rajeunissant son effectif avec les pépites de demain, sans être réellement en mesure de leur offrir le temps nécessaire à leur développement dans un club qui veut des résultats immédiatement. Campos a donné le sentiment de tenter de trouver le juste milieu entre ses deux concepts dans sa première année parisienne. Mais il a globalement tapé à côté.

Cela ne remet pas en cause sa méthode. Elle a prouvé son efficacité sur le moyen terme par le passé, et elle ne peut être jugée que de la même manière au PSG… si Paris lui laisse le temps pour cela. La question de la compatibilité avec le club de la capitale n’en est pas moins posée compte tenu des insuffisances de l’effectif du PSG cette année. Le Portugais devrait bénéficier d’une marge de manœuvre plus confortable sur le prochain mercato. Sa capacité à trouver les bons ajustements dans un contexte plus favorable pour prouver la compatibilité de sa méthode avec les exigences parisiennes sera l’un des enjeux cruciaux de l’été.