Dans les années 1980, le gouvernement singapourien souhaite faire des mathématiques et des sciences une priorité nationale. Pour y parvenir, il réunit des « didacticiens » qui, pendant cinq ans, vont chercher la méthode qui marchera le mieux. De leurs travaux nait la méthode Singapour, qui se base sur un enseignement plus long mais plus en profondeur des mathématiques.
Aujourd’hui, cette approche pédagogique est utilisée dans toutes les écoles de l’île mais s’étend de plus en plus à l’international. Le premier pays à se convertir à la méthode de Singapour, c’est Israël, souligne Jean Nemo, spécialiste de cette méthode et fondateur de la maison d’édition Le librairie des écoles, dans une vidéo mise en ligne pour la maison d’édition. Selon lui, la France y est venue peu de temps après, tout comme le Royaume-uni, où la moitié des écoles du pays utiliseraient désormais cette pratique.
La méthode Singapour, c’est quoi ?
Il faut avant tout leur faire aimer ! Avec des situations concrètes de problèmes mathématiques, la compréhension de la matière est plus abordable pour les enfants. « Le but de l’enseignement des mathématiques, et on pourrait même presque dire de l’enseignement tout court, c’est de passer du concret de l’enfance à l’abstraction des idées », explique Jean Nemo au cours de la même intervention.
En clair, entre l’abstrait et le concret, la méthode Singapour instaure un nouveau principe de « représentation de manière visuelle ». La méthode découpe les mathématiques en chapitres thématiques, qui commencent tous par la visualisation d’une grande image qui explique le chapitre, les nouvelles thématiques et notions. Ensuite, les séances suivantes se caractérisent d’abord par du calcul mental, 20 minutes de manipulation sur une situation concrète (avec des bonbons, des trains…), 20 minutes de pratique guidée par le professeur et 20 minutes de pratique autonome par l’enfant. À la fin de chaque chapitre, les élèves sont appelés à formuler avec leurs propres mots ce qu’ils ont appris, retenus et compris.
Une particularité de la « méthode Singapour » est le système de « petites barres horizontales ». Peu fréquent dans les programmes français, il permet de visualiser les quantités du problème mathématique, pour que l’élève puisse avoir une image visuelle et mentale plus concrète que celle qu’il formulerait dans sa tête.
Une méthode lente mais qui travaille en profondeur
« Pour apprécier les défis des maths, il faut savoir raisonner », assure Monica Neagoy, mathématicienne, dans la vidéo Youtube. La méthode Singapour est lente mais permet de travailler des sujets en profondeur. Ainsi, les calculs sur les fractions et les problèmes abordés au CM1 et CM2 sont d’un niveau de collège.
En 1995, Singapour arrive en tête de l’étude TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study). Depuis, le pays n’a plus quitté le top 3 du classement de l’étude TIMSS. Et non, les Singapouriens n’ont pas toujours été bons comme on peut l’entendre, ils le sont devenus.