Les principales dispositions de la loi
– Expulsions: priorité aux délinquants
C’est le principal volet du projet de loi (la moitié des vingt-cinq articles) : il s’agir de faciliter les expulsions, en premier lieu celles des étrangers déjà condamnés « pour des crimes et délits punis de dix ans ou plus d’emprisonnement ».
Le gouvernement veut « réduire le champ des protections contre les décisions portant obligation de quitter le territoire français (OQTF) lorsque l’étranger a commis des faits constituant une menace grave pour l’ordre public, la sécurité publique ou la sûreté de l’Etat ». Dans son viseur, les « protections » dont bénéficient certains étrangers, notamment ceux résidant en France depuis plus de dix ans, un « frein à l’éloignement », résume l’exécutif dans le texte transmis mi-décembre au Conseil d’État. Alors que le taux d’exécution des OQTF, objet de polémiques récurrentes, se situe sous les 10%, le gouvernement veut « simplifier les règles du contentieux » qui engorge les tribunaux administratifs, en réduisant de douze à quatre les recours possibles contre les expulsions. La « part des ressortissants étrangers dans la délinquance représente (…) plus du double de leur représentation dans la population », met en avant le gouvernement.
– Réformer le système d’asile
Toujours dans l’objectif d’expulser plus efficacement, mais aussi pour accélérer les procédures, une « réforme structurelle » de l’asile est prévue. L’État veut élargir le recours à un juge unique à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), qui statue essentiellement de façon collégiale, sauf pour des cas « complexes ». Il s’agit « d’adapter » la CNDA à « l’ampleur du contentieux ». Le texte prévoit aussi la création de « chambres territoriales du droit d’asile », alors que la CNDA est actuellement basée dans la seule région parisienne.
Des espaces « France Asile » sont envisagés, regroupant des agents de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et des préfectures. L’objectif: « Raccourcir de plusieurs semaines les délais de la procédure ».
– Régulariser les travailleurs sans-papiers
L’exécutif veut permettre aux travailleurs sans-papiers présents sur le territoire depuis trois ans d’obtenir un titre de séjour « métiers en tension », valide un an, dans les secteurs en pénurie de main d’œuvre. Une mesure « expérimentale », prévue jusqu’au 31 décembre 2026. La liste des métiers en tension doit, elle, encore être actualisée.
Le projet de loi prévoit par ailleurs la création d’une carte de séjour pluriannuelle « talent – professions médicales et de pharmacie », destinée aux praticiens diplômés hors Union européenne, « dès lors qu’ils sont recrutés par un établissement de santé public ou privé à but non lucratif ».
Ce titre, qui ouvre droit à une carte de séjour d’une durée maximale de quatre ans, vise à « répondre au besoin de recrutement de personnels qualifiés de santé » que sont les médecins, les sages-femmes, les chirurgiens-dentistes et les pharmaciens.
Le gouvernement veut aussi permettre un accès au marché du travail pour les demandeurs d’asile «dont il est fortement probable, au regard de leur nationalité, qu’ils obtiendront une protection internationale en France », les exonérant ainsi d’un délai de carence de six mois.
– Intégration: niveau minimal de français requis
L’exécutif veut « conditionner la première délivrance d’une carte de séjour pluriannuelle à la maîtrise d’un niveau minimal de français », là où une simple participation à une formation linguistique est aujourd’hui requise.
La mesure vise à « inciter les étrangers qui souhaitent demeurer durablement sur le territoire à se mobiliser davantage dans leur apprentissage du français », afin de « favoriser leur intégration en France ».
(avec AFP)