Face à la dégradation des espaces naturels, le jardinier peut jouer un rôle important dans la sauvegarde de la biodiversité, en cultivant ou en laissant entrer dans son jardin ou sur son balcon, un certain nombre de plantes sauvages.
Quelles plantes pour la biodiversité ?
De nombreux facteurs sont impliqués dans les pertes de biodiversité au niveau mondial ou national (l’agriculture conventionnelle, l’urbanisation…), que ce soit par leur toxicité ou par leur impact sur les habitats. Cependant, à l’échelle locale, dans les jardins ou sur les balcons, il est possible d’agir en faveur de cette biodiversité malmenée, en préservant ou cultivant les bonnes plantes. Qui sont-elles ? On les appelle les “sauvages“. Ce sont celles qui peuplent les prairies naturelles et qui s’invitent parfois dans le jardin, y compris les jardins urbains. Ce sont aussi celles qui sont le plus aptes à abriter la faune locale ou la nourrir, que ce soit avec leur pollen, leur nectar, leurs graines ou leurs feuilles.
Les plantes aux belles fleurs
Parmi les plantes sauvages aimées des butineurs, il y a les belles, celles que le jardinier adopte avec plaisir et qu’il sèmera si elles ne viennent pas d’elles-mêmes. D’ailleurs, les grainetiers ne s’y sont pas trompés, puisqu’on les trouve sans difficulté dans les rayons des jardineries (il en existe parfois des cultivars, mais qui sont souvent sans intérêt pour les auxiliaires). Ce sont la pâquerette, la véronique en épis (Veronica spicata), les scabieuses, les campanules, les mauves (avec la mauve sylvestre en tête), les centaurées dont le bleuet, le coquelicot, la bourrache et enfin la championne des championnes, qui attire en masse abeilles, bourdons et papillons : la vipérine.
Comptez également sur les bulbes de printemps fort appréciés des faux-bourdons et des papillons qui apparaissent dès février : la jonquille sauvage (abeille noire), le crocus et les muscaris.
Les plantes couvre-sols
Certaines plantes pollinifères et nectarifères, dont le port est tapissant et le feuillage persistant à semi-persistant, peuvent former de beaux couvre-sol pour talus, rocaille ou plates-bandes, comme la brunelle, l’achillée millefeuille (pour les sols plutôt secs) ou les bruyères (d’été ou d’hiver) pour les terrains acides. Le trèfle blanc a l’avantage, en plus d’être un engrais vert, de demeurer esthétique même en cas de canicule. Autre engrais vert, le lotier corniculé, persistant s’il ne fait pas trop froid, résiste bien aux piétinements.
Les plantes aromatiques
La plupart des plantes aromatiques cultivées attirent et nourrissent les abeilles, les papillons ou les syrphes : les lavandes, le thym, le romarin (floraison de janvier à mai), la sauge officinale, la mélisse, la bourrache, la marjolaine, l’hysope… mais aussi la pimprenelle (Sanguisorba minor), cette petite herbacée sauvage, vivace, au feuillage si particulier et aux fleurs en pompons, qui supporte très bien la culture en pot, pour la placer sur un balcon ou sur une terrasse.
Les plantes aimées des oiseaux
Il existe un certain nombre de plantes sauvages, pas vraiment esthétiques, qui sont vues d’un mauvais œil par les jardiniers, car, une fois en place, elles sont difficiles à déloger. Pourtant, il est judicieux d’en laisser quelques-unes s’enraciner ; en plus de fournir du pollen ou du nectar aux insectes butineurs, leurs graines sont très appréciées des oiseaux (verdiers, bouvreuils, chardonnerets…). Ce sont les plantains, les rhumex (oseilles sauvages), la porcelle, le pissenlit, le chénopode blanc, la carotte sauvage, les chardons et la cardère (pour les chardonnerets), le cerfeuil sauvage…
Le lierre, quant à lui, est un must have. Alors que les fleurs (mi-septembre à novembre) nourrissent les papillons et les abeilles (dont Colletes hederae, l’abeille du lierre qui se nourrit uniquement du pollen du lierre), les fruits font le bonheur des troglodytes et des pinsons, tandis que les feuilles persistantes offrent un refuge de choix pour les syrphes, les chrysopes, les araignées, les coccinelles, les musaraignes ainsi que les merles, les grives, les roitelets, les rouges-gorges, les mésanges… qui y nichent.
Les plantes hôtes spécifiques
Il est acté que de la diversité des plantes sauvages dépend la préservation de la biodiversité. Mais quelques-unes d’entre elles jouent un rôle primordial, car d’elles dépendent la ponte ou l’alimentation d’un insecte. Sans ces plantes, les insectes inféodés disparaissent. C’est le cas par exemple de l’ortie (site de ponte parfait pour diverses espèces de papillons), de la scabieuse des champs (une abeille sauvage se nourrit exclusivement de son pollen) ou de Sanguisorba officinalis (plante hôte de deux papillons : l’Azuré des paluds et l’Azuré de la sanguisorbe).