La Russie a menacé le peuple géorgien, après d’intenses manifestations contre un projet de loi comparé par ses détracteurs à une législation russe répressive.
Après trois jours de vives manifestations en Géorgie, la Russie sort les griffes. Le peuple géorgien a contraint son gouvernement à abandonner un projet de loi qui prévoyait de classer comme “agents de l’étranger” les ONG et médias recevant plus de 20% de leur financement de l’étranger, sous peine d’amendes. De son côté, la Russie a présenté le mouvement d’insurrection géorgien comme une “tentative” de coup d’État occidental.
La présidence russe a dit voir dans cette mobilisation “la main” des Etats-Unis s’efforçant de provoquer “un sentiment antirusse”. Pour Moscou, cette mobilisation fut un “prétexte pour lancer une tentative de changement de régime par la force”, selon les termes énoncés par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Celui-ci a comparé les manifestations à la révolution de 2014 en Ukraine, considérée par Moscou comme un coup d’Etat fomenté par l’Occident qui soutient l’Ukraine face à l’invasion russe depuis un an. C’est donc le signe que “la main bien visible de quelqu’un cherche à provoquer un sentiment antirusse”, a estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une accusation visant clairement Washington.
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Le représentant du ministère des Affaires étrangères russe en Crimée a eu une analyse similaire : “Les manifestations autour du projet de loi contre ‘les agents de l’étranger’, qui se sont soulevées à Tbilissi, débouchent sur la réclamation d’une démission du gouvernement”, écrit ce dernier. Et celui-ci d’avertir : “Nous recommandons au peuple géorgien de se souvenir d’une situation similaire en Ukraine en 2014 et de ce à quoi elle a finalement mené”.
Des “pressions très fortes”
Les manifestations qui ont émaillé la Géorgie ces derniers jours illustrent la crise politique qui agite depuis plusieurs années la Géorgie, pays du Caucase candidat à l’UE où une partie de la population redoute une dérive autoritaire sur le modèle russe. Les manifestants et l’opposition comparaient d’ailleurs le projet de loi abandonné à un texte en vigueur en Russie sur les “agents de l’étranger” et utilisé pour faire taire les opposants du Kremlin. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait auparavant attaqué la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili – une pro-occidentale critique du gouvernement mais dont les pouvoirs sont limités – soulignant qu’elle avait salué comme une “victoire” l’annonce du retrait du texte “non pas depuis la Géorgie, mais depuis l’Amérique”.
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Dans la soirée, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a apporté son soutien à la présidente Zourabichvili et lui a assuré que “l’Allemagne soutenait la Géorgie sur le chemin de l’Europe”. “Ce chemin inclut la liberté de la presse et de la société civile”, a-t-il ajouté. Auparavant, le président français Emmanuel Macron avait dénoncé des “pressions très fortes” pesant sur la Géorgie, “traversée par des mouvements préoccupants”, souhaitant “un apaisement par rapport aux tensions régionales”.
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L’annonce du retrait du projet de loi controversé avait été saluée jeudi par Washington et l’Union européenne. La Géorgie, une ex-république soviétique défaite lors d’une courte guerre contre la Russie en 2008, ambitionne officiellement de rejoindre l’Union européenne et l’Otan.