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Rencontre entre les chefs de la diplomatie américaine et chinoise à Munich pour un « échange franc »

La tension n’avait cessé de croître des deux côtés du Pacifique, entre les Etats-Unis et la Chine, depuis l’affaire du ballon chinois abattu par l’armée américaine. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, et son homologue chinois, Wang Yi, ont profité de la conférence sur la sécurité à Munich pour crever l’abcès. La rencontre, qui s’est déroulée à l’abri des caméras, a duré une heure et a été l’occasion d’un « échange franc et direct », confie un haut responsable du département d’Etat américain.

Le secrétaire d’Etat a pris à partie son homologue chinois en lui disant que l’incident du ballon finalement abattu par l’armée américaine ne devait « plus jamais se produire » et l’a également mis en garde contre les « implications et les conséquences » pour la Chine s’il s’avérait qu’elle apporte un « soutien matériel » à la Russie dans sa guerre en Ukraine ou l’aidait à échapper aux sanctions occidentales, a indiqué le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, en rendant compte de l’entretien.

Eviter une « nouvelle guerre froide »

« Le secrétaire d’Etat lui a clairement dit que les Etats-Unis ne toléreront aucune violation de leur souveraineté et que le programme de ballons de surveillance à haute altitude de la Chine avait été exposé aux yeux du monde », a poursuivi le porte-parole américain. Il a cependant réitéré à Wang Yi le fait que les Etats-Unis ne cherchaient pas le « conflit » avec la Chine ni une « nouvelle guerre froide » et que Washington entendait maintenir les lignes de communication ouvertes avec Pékin malgré leur rivalité.

A Pékin, l’agence Chine nouvelle a indiqué, après la rencontre, que Wang Yi avait assuré à son homologue américain que les relations entre leurs deux pays avaient été endommagées par la réaction américaine. Wang Yi « a clairement exprimé la position solennelle de la Chine sur le prétendu incident de l’aéronef » et « a exhorté la partie américaine à changer de cap, à reconnaître et à réparer les dommages que son usage excessif de la force a causés aux relations sino-américaines », a rapporté l’agence.

« Le temps de la reconnexion »

Plus tôt samedi, le chef de la diplomatie chinoise avait pourtant livré une violente charge contre Washington, dénonçant sa réaction « hystérique » au survol d’un ballon et son « protectionnisme » économique. Devant un parterre de dirigeants et d’experts internationaux, Wang Yi a dressé un réquisitoire contre les Etats-Unis. « Il y a beaucoup de ballons dans le ciel, de différents pays. Voulez-vous abattre chacun d’entre eux ? Cela ne montre pas que l’Amérique est forte », s’est emporté à la tribune Wang Yi.

Le chef de la diplomatie a présenté son pays comme un champion de la « paix », un mot répété une trentaine de fois, et redit que Moscou et Kiev devaient « s’asseoir autour de la table et trouver » une issue « politique » au conflit. La vice-présidente américaine, Kamala Harris, également présente à Munich, a mis en question la neutralité affichée par la Chine. Les Etats-Unis sont « troublés par le fait que Pékin a approfondi ses relations avec Moscou depuis le début de la guerre », a-t-elle souligné.

Les Européens de leur côté, notamment l’Allemagne et la France, espèrent toujours convaincre la Chine de faire pression sur le président russe Vladimir Poutine afin qu’il mette un terme à la guerre. Paris avait estimé jeudi que « le temps de la reconnexion » avec la Chine, où le président français Emmanuel Macron se rendra bientôt, était venu. Mais Wang Yi a aussi dénoncé les restrictions américaines aux exportations de puces électroniques, tandis que le chef de l’Otan appelait les Occidentaux à ne pas nouer de liens de dépendance énergétique avec la Chine comme l’Europe l’a fait avec la Russie.

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