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Tendance : comment la passementerie a réussi à faire son grand retour en déco ?

Ceux qui savent ce que sont une boussette, un galon de guipure, une houppe ou un lambrequin imaginent très probablement un décor ampoulé. Les temps changent ! Après un âge d’or au XVIe siècle, quand galons et franges servaient d’ornements aux courtines (lourds rideaux fermant les lits à colonnes et cloisonnant les salles des châteaux pour se protéger du froid), la passementerie tombe en désuétude dans les années 1920. Le temps de se refaire une beauté, et la revoilà sur le devant de la scène ! Ses meilleurs ambassadeurs ? Des maisons au savoir-faire ancestral qui ont su prendre le virage de la modernité en créant rubans et embrasses résolument dans l’air du temps. Et des architectes d’intérieur qui, avec grâce et malice, détournent et subliment ces ouvrages de fil au charme suranné.

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L’ère du renouveau

Signe de cette volonté de redorer leur blason, plusieurs éditeurs de textile invitaient des designers à mettre en scène leur collection de passementerie lors de la Paris Design Week en janvier dernier. Chez Manuel Canovas, l’architecte d’intérieur et designer Chloé Nègre concevait une scénographie joyeuse avec du mobilier et des accessoires de son répertoire, rehaussés de certaines des onze références de “Tula”, première collection de passementerie de la maison. Même scénario chez Houlès, avec l’architecte d’intérieur Oscar Lucien Ono qui exposait des rideaux, un canapé, des abat-jour et des fauteuils spécialement conçus pour l’évènement. « C’était ma façon de montrer comment on peut s’amuser avec une frange mousse, un galon, des pompons et ainsi réveiller un décor, explique-t-il. La ligne “Zelda” a permis d’apporter un souffle Art Déco. » Preuve s’il en fallait que la passementerie est une alliée de choix pour pimper des décors contemporains.

Depuis quelque temps, franges et pompons ont le vent en poupe, utilisés par des designers qui les détournent de leur fonction première, à l’instar de la suspension “Betty” des architectes Hauvette & Madani avec ce joli tombé de passementerie et graines d’« ivoire végétal » ou l’applique “Chore” en nickel et sa finition frangée, signée Le Cann. « La passementerie apporte la touche finale, comme le bijou qui rehausse une tenue. Un détail suffit à donner un cachet fou à une pièce ou à un accessoire », se félicite Benoît Cordonnier, directeur marketing et communication chez Houlès. Le designer Pierre Gonalons l’a compris depuis un moment. « J’utilise l’ornementation textile depuis longtemps dans mes projets d’intérieur, mais grâce à la Passementerie Verrier, j’ai pu créer mes propres modèles, comme le câblé qui cercle les miroirs “Tutti Frutti”… », précise-t-il. Parmi les figures de proue de ce renouveau, la maison Verrier fondée en 1753 et reprise en 2018 par Anne Anquetin, qui œuvre sans relâche pour en dépoussiérer l’image. « La passementerie a basculé dans un nouvel âge, les designers retrouvent un goût pour l’ornementation, la couleur et les motifs », confirme-t-elle. 

Les usages inédits de la passementerie

Certains vont encore plus loin, osant le décalage. L’architecte d’intérieur Laura Gonzalez, par exemple, en fait un usage très original dans sa galerie parisienne lorsqu’elle habille les murs de franges et de galons. Le designer Edgar Jayet, lui, a créé le fauteuil “Faudesteuil”, dont l’assise est en passementerie de laine, ou fil d’argent, tissée à la main et réalisée en collaboration avec l’atelier François Pouenat et la maison Declercq Passementiers. « La passementerie en fils métallisés est peu présente dans les projets contemporains car on l’imagine plutôt réservée à Versailles ou Fontainebleau. C’est à nous les designers d’aller plus loin et de réinventer son usage », affirme-t-il. Quant au studio de création Uchronia, il rue dans les brancards en signant une collection vitaminée d’embrasses et en détournant galons et pompons de leur fonction première. Le résultat ? Des tabourets excentriques au piétement frangé dans une explosion de couleurs. « J’ai flashé sur les métiers à tisser traditionnels de la Passementerie Verrier, se souvient Julien Sebban, fondateur d’Uchronia. Conjuguer notre vision avec son savoir-faire nous a immédiatement emballés. » On l’aura compris, emportée par un flot de designers inventifs, la passementerie s’aventure sur de nouveaux territoires. Et ce n’est pas près de s’arrêter : elle s’invite désormais jusque sur nos transats et parasols ! A bon entendeur… 

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